Ça fait un bon moment que je n'ai plus rien écrit sur ce blog. Je ne vais pas trop m'étendre, mais c'est la suite d'un heureux évènement qui a évidemment pris beaucoup de mon temps ces derniers mois ;)
L'animal ayant maintenant 3 mois, je commence à l'emmener avec moi dans mes vadrouilles.
On continue un peu dans l'esprit du dernier article : les fortifications militaires d'Alsace Moselle.
Le but est toujours de protéger la frontière franco allemande, mais l'époque change. Il s'agit ici d'un grand ouvrage d'artillerie de la ligne Maginot.
Pour ceux qui ne seraient pas au courant (ils ne doivent pas être très nombreux, mais sait-on jamais), la ligne Maginot est une ligne défensive conçue dans les années 20 suite à la première guerre mondiale et réalisée pour la plupart dans les années 30. Il ne s'agissait pas de réaliser un réseau continu façon muraille de Chine (qui par ailleurs a failli à sa mission) mais plutôt de fixer une importante attaque ennemie le temps que les troupes mobiles puissent intervenir. La principale faiblesse du dispositif (mais pas la seule) était sa discontinuité le long de la frontière. Persuadés du fait que les allemands ne pourraient pas franchir le massif des Ardennes et la Meuse avec des moyens lourds, le dispositif était extrêmement allégé dans ces zones.
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Ligne Maginot (image dans le domaine public). |
Le dispositif était complexe et hiérarchique, là où il a pu être réalisé correctement et intégralement (cad avant les coupes budgétaires du début des années 30). On trouvait d'abord une ligne avancée qui servait surtout à faire du renseignement et des destructions programmées le temps que la ligne de défense principale puisse s'activer correctement. Ensuite on trouvait cette ligne de défense principale, constitué d'un double réseau continu de rails antichars et de barbelés, couvert par des ouvrages d'artilleries enterrés, disposés de manière à se couvrir les uns les autres. On trouvait également des ouvrages dits "d'intervalle" non dotés d'artillerie mais servant d'abri aux personnels.
Les ouvrages d'artillerie sont de force diverse et ont été classifiés par taille : de la 1ère (gros ouvrages mixtes artillerie/infanterie) à la 5ème (petits ouvrages d'infanterie). Celui qui nous intéresse ici est un ouvrage de première classe. Il est constitué de 8 blocs (6 de combats et 2 blocs d'entrée arrière, situés à 1.5km en retrait, les deux réseaux étant reliés par une galerie disposant d'une voie ferrée). Voici une carte synthétique de l'ouvrage. (à gauche).
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Ouvrage du Schoenenbourg et ses environs. c) Association des Amis de la Ligne Maginot d'Alsace | |
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L'ouvrage a subi fortement les combat de Juin 1940 mais est resté invaincu, l'équipage ne s'étant rendu qu'après l'armistice et sur ordres du commandement. Par la suite, il a été modifié au début des années 50 dans l'optique d'une hypothétique invasion russe, puis il est tombé dans l'oubli jusqu'à ce que l'association des amis de la ligne Maginot d'Alsace se constitue pour le remettre en état et l'ouvrir à la visite. Leur travail a été remarquable, l'ouvrage est quasiment dans l'état de Mai 1940. L'entrée du musée se fait par le bloc d'entrée des munitions (EM sur la carte, et présentée en photo en début d'article).
Comme on peut le voir sur une photo prise de plus près :
Une voie ferrée étroite permet d'acheminer les munitions qui arrivent de l'arrière. Deux cloches pour PM et plusieurs meutrières en créneaux (dont certaines en trompe l’œil) permettent d’accueillir les visiteurs indésirables (mais qui ne doivent en théorie pas se trouver là).
On trouve en outre devant l'entrée une cloche escamotable :
Mais je n'ai pas réussi à déterminer si elle était là en tant que démonstration pour les visiteurs d'aujourd'hui ou bien si elle faisait vraiment partie du dispositif défensif de l'ouvrage.
Une fois les droits d'accès acquittés, nous passons par le portique d'accès intérieur :
Nous descendons par un ascenseur à 30m sous terre. L'ouvrage en dispose en réalité de deux : un ascenseur pour les hommes et un autre pour les wagonnets de munitions. Une fois en bas :
Voici la galerie d'accès aux blocs de combat :
L'ouvrage disposait d'une infirmerie moderne conséquente pour l'époque :
La cuisine était centralisée et utilisait les moyens les plus modernes pour l'époque (les cuisines centrales en étaient à leurs balbutiements) :
On avait fait des confortables stocks de vivres :
Bien que relié au reste du secteur électrique par un câble enterré particulièrement bien caché, l'ouvrage était autonome en énergie via des groupes électrogènes conséquents, situés dans "l'usine". La voie d'accès :
Le tableau de contrôle général :
Un équipage mobile de groupe :
En cas d'attaque par les gaz, l'air venant de l'extérieur était filtré avant d'être renvoyé dans le bunker. On voit ici les batteries de filtres :
Suite aux nombreux soucis d'hygiène rencontrès pendant la première guerre mondiale à l'intérieur des forts "Séré de Rivières" construits à la fin du 19ème siècle, l'ouvrage a été équipés de toilettes sêches. Les consignes d'utilisation sont strictes :
Les casernements sont fonctionnels, sans fioritures :
Nous reprenons notre marche vers les "avants" :
Et nous arrivons au PC de commandement. La photo est mauvaise, désolé. J'aurais du prendre un pied avec moi, mais j'étais déjà chargé par un... bébé ;)
Les informations arrivaient au PC et étaient collectés par divers téléphonistes qui les notaient sur des tableaux. Ensuite, les décisions de tir étaient prises par des officiers d'artillerie qui transmettaient leurs ordres par téléphone aux blocs de combats, qui les exécutaient et rendaient ensuite compte.
Nous continuons notre route vers le bloc de combat numéro 6 :
On passe devant les soutes à munitions remplies de caissons pleins d'obus de 75 de différents types :
Nous arrivons ensuite sur le bloc 3, où l'on peut visiter une tourelle de 75. On commence par monter puis on arrive à l'étage intermédiaire :
Les munitions sont montées par monte charge à la tourelle, et les douilles tombent en bas du puits où elles sont pas la suite récupérées :
Voici ce que ça donne de l'extérieur :
L'image est petite. Elle n'est pas de moi, je n'ai pas eu le temps d'aller me promener sur les extérieurs.
Voilà, ensuite on rebrousse chemin et on rentre à la maison.
Si ça vous a intéressé, je ne saurais que trop vous conseiller d'aller visiter le site de l'association des amis de la ligne Maginot d'Alsace :
http://www.lignemaginot.com
C'est sans doutes un des sites les mieux documentés sur la questions. Vous y trouverez explication, photos, modélisation 3D des ouvrages (je ne résiste pas et je vous montre un exemple ici du bloc 3 modélisé : )
Bref, une mine d'information sur le sujet.